Oh my Bloody God

Résumé !
Apollon est dans ses quartiers à l'Olympe quand la porte s'ouvre brusquement. Un homme entre en boitillant, les cheveux recouvrant son visage. Pourtant, le dieu de la musique sait qui est entré, le corps souillé d'ichor.
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« Tu n'es pas capable de le faire seul ? Tu as besoin d'aide comme un bébé ?
— Traite moi encore de bébé et je te plante ma lance dans ton cœur de divinité que tu aimes définir de 'distinguée'.»
Mes doigts glissaient sur les cordes de ma lyre et je soupirai de bonheur en fermant mes yeux. Mes longs cheveux bruns étaient attachés en arrière et ma tête était légèrement tournée en direction de la fenêtre. Un courant d'air frais léchait mon visage et la mélodie que je jouais fit chanter en harmonie les oiseaux prestigieux du mont Olympe. Laissant mes doigts danser sur l'instrument, je me perdis dans mes pensées. Il y a quelques heures, je parlais avec Artémis dans ses quartiers. Elle me tenait un discours sur l'irrespect des hommes envers ses chasseresses. D'après l'une d'entre elle, même certains Dieux auraient osé s'en prendre à elles.
Je loupai une corde et lançai un regard à l'extérieur où les nuages se battaient dans le ciel. La journée était calme, mais quelque chose me disait qu'il s'agissait seulement du calme avant la tempête. D'un pas lent, je me rendis dans mon petit salon et attrapai mon verre d'ambroisie déjà bien entamé. Je fermai mes yeux en savourant ma gorgée et un coup violent contre ma porte me fit froncer mes sourcils. Qui pouvait avoir une telle hargne contre une simple porte ? Je pris le petit couloir et me stoppai en reconnaissant Ares, presque écroulé au sol dans l'embrasure de ma porte. Son corps était couverts de blessure plus ou moins profonde et il était recouvert d'ichor.
Comprenant qu'il se trouvait dans un état critique et qu'il allait perdre connaissance, je le saisi rapidement et l'emmenai sans rien dire dans ma chambre, à quelques mètres de la porte. Je l'installai dans le lit et attrapai d'un geste souple une serviette et de l'eau bénie. Imbibant le tissu, je le passai sur les différentes blessures de mon homologue en observant ses yeux clos : il s'était évanoui.
« Quand vas-tu t'arrêter ? Chuchotai-je vainement, n'attendant aucune réponse; Toutes ces guerres ne mènent à rien d'autre que des morts et de la souffrance Arès.»
Il grogna dans son inconscience à l'entente de son prénom et je ne pris plus le risque de le réveiller. Je terminai de le nettoyer de ses multiples blessures, magiquement aidé par mes habilités et soupirai en le laissant allongé le long du matelas. Je me rendis dans mon salon à nouveau et me laissai tomber dans le sofa.
Je laissai tomber ma tête en arrière après avoir terminé cul sec mon verre d'ambroisie. Je me souviens encore de la première fois que cette situation est arrivée. C'était il y a une douzaine d'années mortelles, comme hier pour moi. Je riais avec mes muses dans ce même salon, chantant et buvant à outrance - une journée tout à fait normale à cette époque. Les mortels étaient alors dans une paix plutôt globale et nous n'avions que peu à faire. Jusqu'à cette journée où un coup simple et fort retentit sur ma porte d'entrée. Toujours dans un éclat de rire, je m'y rendis et ouvrait la porte, découvrant pour la première fois ce spectacle abominable. De l'ichor absolument partout, jusqu'au bout du couloir d'où ce Dieu venait. Il m'avait regardé de haut, le visage faible mais cette fierté toujours bien incrustée dans ses traits.
« Que veux-tu, Arès ? Fis-je d'un ton froid, peu ravi de salir l'entrée de mon appartement et d'assister à une telle démonstration de barbarie.
— A ton avis ? Ce que tu sais faire, non ? Tu n'en serait même pas capable ? Répondit-il de manière provocative, malgré de ton affaibli présent dans sa voix. J'haussai un sourcil, et fit signe aux muses de prendre congé en comprenant que je faisais face à une réelle situation.
— Eclaire moi, barbare. Comment oses-tu t'imposer de manière si peu distinguée en exigeant quelque chose ?
— Tu n'es pas sensé être le dieu de la médecine ? »
Je ne sus quoi répondre, surpris de comprendre ce pourquoi il était venu devant ma porte. Il voulait que je le soigne ? Moi ? Pourquoi moi ? La question pourrait paraître stupide, comme je suis le dieu de ladite médecine; mais il était bien assez grand pour prendre soin de lui-même.
« Tu n'es pas capable de le faire seul ? Tu as besoin d'aide comme un bébé ?
— Traite moi encore de bébé et je te plante ma lance dans ton cœur de divinité que tu aimes définir de 'distinguée'.»
Je levai mes yeux au ciel et fronçai mes sourcils en l'observant attentivement. Son visage habituellement rouge de haine et de vie semblait plus pâle que jamais et ses yeux commençait à voir trouble. J'aperçu ses jambes trembler imperceptiblement et je compris que ce n'était pas par choix qu'il était venu me demander. Je me reculai et lui fit signe de rentrer jusqu'au salon. Il se laissa tomber brusquement sur le fauteuil et un soupire désagréable franchi la barrière de ses lèvres.
« Soupire encore une fois de cette manière et je te remets dans le couloir dans cet état.» Affirmai-je sans même le regarder.
Il se tut et je m'affairait à le soigner en lui offrant un verre d'ambroisie afin de lui permettre de reprendre ses forces. Aussitôt en meilleur état, il se leva et sortit sans un mot. Je n'attendais pas plus de lui et soupirai en reprenant mes activités de la journée. Le lendemain j'appris qu'il venait de déclencher une guerre sanglante entre tous les plus grands peuples mortels.
De par ce fait, je le vis revenir dans des états similaires et parfois pires. Il apparaissait toujours de la même manière devant mon appartement, entrait pour se faire soigner et repartait aussitôt. Mais avec le temps, les mois mortels, il se servit de ces moments pour parler.
Une fois, alors qu'il était entré presque mort dans mon salon, je l'avais assis brusquement sur le sofa et avais commencé à le soigner, en lui faisant comprendre mon énervement face à cette situation trop fréquente.
« J'ai réussi à exterminer tout les peuples de l'Ouest de la Grèce.
— Tu penses que j'en ai quelque chose à faire ? Répondis-je; A part être dégoûté d'un être qui ne répand que mort et haine sur un peuple que j'aime voir heureux en proférant musique et amour.
— Ils sont destinés à mourir, de toute manière. Fit-il en haussant ses épaules.
— Pas de cette manière, juste pour tes petits amusements. Surtout quand tu rentres dans un état aussi pathétique.
— Mais c'est ça le meilleur ! Voilà enfin un adversaire redoutable !»
J'expédiai sa réponse d'un geste de la main et soupirai. Il était impossible à comprendre et raisonner. Et chaque jour après jour il revenait dans cet état et s'en servait pour parler de ses batailles, de ses combats prodigieux d'après lui avant de passer sur des sujets plus neutres comme les discussions inter-Olympe.
« Tu as entendu Hephaïstos se plaindre de Poséidon il y a quelques jours ?
— Oui. Pourquoi, ça t'amuse de voir qu'il se passe de mauvaises choses entre les autres ?
— Tu me prends pour qui ! Bien sur que c'est amusant qu'ils se disputent. Ce n'est pas comme si c'était grave de toute manière.»
J'haussai mes épaules et il continua de tergiverser à longueur de temps. Un seul problème survenait alors dans cette situation : Ces moments devenaient partie intégrante de ma routine à l'Olympe. Si bien que lorsqu'il n'est pas apparu devant ma porte au bout d'un certain temps, je me suis retrouvé à demander à ma sœur jumelle où se trouvait le dieu de la Guerre. Lorsqu'elle se moqua de moi par rapport à cette inquiétude qu'elle perçu dans ma voix; je reçu un choc et me rendit compte de la situation. Alors pendant plusieurs semaines je n'ouvrit plus à Arès, refusant de le laisser accéder à une partie de moi faible face à cette habitude qui s'était créée. Mais je changeai d'avis lorsque je le croisai dans les couloirs, cicatrices partout sur son corps, ses vêtements tachés d'ichor datant de plusieurs jours et le visage pâle comme celui d'un mort. Je compris qu'il ne se soignait pas et que le peu que faisaient les autres n'avait pas un impact aussi important que mes dons de guérison. Je lui fit donc signe de me suivre et le soignai comme à notre habitude tandis qu'il se remettait à parler comme de rien était.
Mais tout ne s'arrêtait pas là. Sinon, je n'aurais pas eu de problème quant à cette habitude prenant un peu trop place dans ma vie. Mes yeux commençaient à le détailler dans ses moindres traits de visages, les courbes de son corps et son torse plein de marques de guerre. Ses cheveux noirs mi-long tombaient en bataille devant ses yeux rouges foncés qui me regardaient en parlant de tout ce qui pouvait lui passer par la tête. Je n'arrivais pas à l'avouer, mais je n'étais pas insensible à ses charmes. Son physique m'attirai, sa voix grave et rauque résonnait dans ma tête chaque soir et chaque jour j'attendais de le soigner avec délicatesse en l'écoutant parler de ses sottises. Comment avais-je pu passer d'aussi insensible à cette véritable obsession que j'avais ?
Une partie de moi me glissait qu'il ne s'agissait que d'une attraction physique et qu'elle était engendrée par un manque de relations charnelles. Alors je me convainquis de ça, mettant sous clef toute l'inquiétude que je pouvais ressentir lorsqu'il mettait du temps à revenir après sa guerre chez les mortels.
Aujourd'hui, je m'étais rendu à l'évidence. Il y avait bien plus que tout ça, à mon plus grand damn. Je secouai ma tête et me redressai sur le sofa en sortant de mes pensées.
« Quelle merde... Pourquoi ça m'est tombé dessus comme ça ! Je refourguerai bien mes dons de médecine à quelqu'un d'autre tiens. »
Comme à mon habitude, je me levai, parti me resservir un verre d'ambroisie et retournai dans ma chambre avant de poser mon regard sur le corps inconscient d'Arès dans mes draps blancs. Posé sur l'encadrement de ma porte, je soupirai doucement en avalant un bon tier du verre dans mes mains. Son corps était si parfait, mat presque brûlé par ses flammes guerrières, ses cicatrices brillaient d'un léger fil argenté et son visage était si paisible endormi comme ça. Ses yeux rouges brillaient d'un air curieux et..
Je sursautai intérieurement en comprenant que ses yeux me regardait d'un air curieux, témoignant de son réveil. Je détournai mon regard et reprit une gorgée de mon verre, avant qu'il ne se lève et me le prenne de mes mains pour en boire une gorgée à son tour. Il se redressa, en meilleur état et me sourit d'un air assuré et brusque. Il posa le verre sur la commode et s'approcha de moi, avant de se retrouver à quelques centimètres de mon visage.
« Qu'est-ce que tu fais, Arès ? Recule.
— Je sais que tu me trouves attirant. Qu'il y a quelque chose qui fait que je reviens chaque jour pour te voir.»
Je levai mes yeux au ciel en prétendant ne rien savoir de ce qu'il racontait. Il reprit alors, en reculant d'un petit pas.
« Quelque chose qui fait que chaque fois, j'attend de sentir tes mains sur mes plaies, ta chaleur sur mon corps.»
Je l'attrapai et l'approchai de moi, plongeant mon regard dans le sien.
« Qu'est-ce que tu veux ? A quoi tu joues ?
— A quoi bon jouer quand je peux juste te tirer sur le matelas derrière moi.»
J'haussai un sourcil, brisant mes barrières, juste indéniablement attiré par cette voix, cette proposition et ce dieu en face de moi. Il attrapa mon poignet et glissa une main derrière mon cou avant de poser ses lèvres brusquement sur les miennes. J'attrapai sa tête en glissant une de mes mains dans ses cheveux et me collai à lui de tout mon corps. Le baiser s'intensifia alors qu'il nous emmenait tout les deux sur le lit. Je m'asseyais sur lui et continuai de l'embrasser, mon corps embrasé par cette chaleur qu'il créait en moi. Ma tête tournait, enivrée par son odeur, son toucher. Il retira le haut de ma tunique blanche et glissa ses bras autour de mon corps, mordillant avec envie le lobe de mon oreille. Je soupirai d'envie et mes mains découvraient une nouvelle fois son corps, bouillant de tentation.
« Arès.. »
Il me fit taire en m'embrassant et me plaqua contre le lit, laissant la violence des mouvements prendre le dessus, comme elle lui était propre. Je lui retirai d'un mouvement précipité son pantalon de guerrier et glissai mes mains sur ses cuisses musclés. Il jouait avec mes cheveux bruns en retirant mes derniers vêtements. Ses bras chaud m'entouraient et plus que ce désir mutuel, je m'y sentais bien. Rien ne m'indiquait qu'il y aurait une suite après ce moment, qu'il y aurait toujours quelque chose, mais je me laissais glisser dans les méandres du plaisir et du bien-être, remettant à demain ce qu'il s'y passerait.